Il y a quelques temps, j'ai eu le plaisir de me faire prêter un roman contemporain et américain. Même si j'ai quelques auteurs américains dans mon panthéon personnel, c'est quand même chose rare pour moi que d'aller vers l'inconnu littéraire. Ainsi chaudement recommandé, je prends l'objet entre les mains. Deux choses m'interpellent : la couleur (oui ce n'est pas si commun quand même un livre si...orange) et le titre : Ici n'est plus ici.   

orange

Je sais qu'il va être question de la culture des indiens d'Amérique, des natifs américains comme on dit aujourd"hui mais pourquoi ce titre ? Je pars sur la piste d'un déracinement, d'un exil, d'une terre perdue.

Et finalement, une fois le roman achevé tout s'explique !

L'auteur, Tommy Orange ( d'où le choix de l'éditeur français pour la couleur mais c'est aussi révélateur du poids du tragique dans les destinés des personnages et des indiens) au lieu d'un long essai sur l'indigénisme (oui, oui le mot existe et est quasiment le pendant de la négritude), en nous faisant les compagnons d'une douzaine de personnages nous donne à ressentir l'ambivalence, la complexité de la condition des indiens en Amérique aujourd'hui. Ne vous attendez pas à entendre parler de réserve, de casino et autres clichés que l'on voit dans le cinéma américain sur les Indiens. Non,ces derniers, aujourd'hui, officiellement ont gagné le droit d'assumer, de revendiquer leur culture mais vivent coupés de leur racine au milieu du béton et des immeubles. Et ils ne peuvent imaginer vivre autrement puisqu'ils y sont nés. Leur vendre d'un retour à la condition précolombienne comme un idéal est les méconnaître encore une fois ! Et au milieu de la question identitaire se posent toutes les autres : la misère, l'alcool, la drogue, la délinquance, l'amour, le sexe. Le tout avant un final que Tarentino n'aurait rien à envier !

Comme d'habitude, je remercie ce fin lecteur qui m'a fait découvrir cet auteur au style moderne, qui avec son premier romain fait bouger les lignes !