Quelques petites notes sur deux frères qui ont marqué la fin de la République : Tiberius Sempronius Gracchus et Gaius Sempronius Gracchus, appelés les Gracques.
Ils avaient pour père Tiberius Sempronius Gracchus, un homme politique connu en son temps et leur mère Cornélia est la fille de Scipion l'Africain. Entre eux, ce fut un mariage d'amour. Ils sont donc issus d'une famille politiquement célèbre.
Les deux frères ont servi à des moments différents en Espagne. Mais ce ne sont pas pour les exploits militaires que c'est deux hommes issus d'une fratrie de 12 enfants sont restés dans l'histoire.
En 133, l'aîné, Tiberis propose une loi agraire au Sénat qui visait à réduire la pauvreté et à augmenter le nombre d'hommes ayant assez de biens pour pouvoir servir dans l'armée. A cette loi, s'en ajoute une autre qui voulait que les biens d'Attale III de Pergame légués à Rome soient utilisés pour le financement public. Mais ces lois sont âprement discutées et le passage se fait plutôt en force au Sénat. Le tout est accompagné d'actes violents qui conduisent à l'assassinat de Tiberius Sempronius Gracchus en 133.
Son frère Gaius est en Espagne au moment de la mort de son frère. et rentre aussitôt à Rome. en 126 il est nommé questeur, tribun en 123. Il propose d'abord des lois pour venger son frère et fait ensuite voter une série de lois dans la lignée politique de celles de frère : loi frumentaire pour un prix stable et abordable du blé, autoriser la fondation de nouvelles colonies, remettre en vigueur les lois de son frère et soulager quelques obligations liés au service dans l'armée. A ces lois destinées au peuple, s'ajoutaient quelques lois qui limitaient le pouvoir du Sénat et son oppression sur les habitants de la province en transférant quelques pouvoirs des sénateurs aux plus riches des membres de l'ordre équestre. Il poursuit sa carrière politique en proposant de nombreuses lois pour étendre la citoyenneté mais toutes ne passent pas. Lors de l'un de ses voyages à Carthage pour y fonder une colonie, le tribun Livius Drusus aidé du Sénat retourne le peuple contre lui. Gaius n'est pas réélu en 121 et une nouvelle période de violence éclate. Le Sénat vote pour la première fois un senatus consultum ultimum et Gaius est contraint au suicide, ordonnant à un de ses esclaves de le tuer.
Tiberius et Caius Gracchus, œuvre d'Eugène Guillaume, xixe siècle.
Ces deux frères illustrent bien l'opposition grandissante entre les Populares et les Optimates qui conduira en partie à la chute de la République. Leurs combats qui les a conduit à la mort les parent d'une aura romantique (au sens littéraire du texte) augmenté par le sacrifice d'une mère.
En effet Cornélia a voué sa vie à l'éducation de ses enfants après la mort de son mari. Parmi ses 12 enfants, tous ne sont pas arrivés à l'âge adulte. Pour ce qui est de ses deux fils les plus célèbres, elle les a toujours soutenu et conseillé, se ruinant pour eux et refusant tout mariage qui aurait pu lui assurer une vie meilleure. Ces enfants dont elle a fait l'éducation jusqu'à les influencer dans leur façon de parler (il nous reste certaines de ses lettres et atticus, l'ami de Cicéron les a commenté) étaient tout pour elle ; elle les considérait comme ces plus beaux bijoux : "Haec ornamenta mea"
Cornélie et ses deux fils parJules Cavelier(musée d'Orsay).
Cornélie refusant la main du roi d'Égypte pour mieux s'occuper de ses enfants (Laurent de La Hyre - 1646).